Vienne se dévoile comme une partition subtile, jouée à voix basse entre les époques.
Décembre y glisse lentement, enveloppant les façades anciennes d’un voile de brume légère, comme pour mieux en révéler la mémoire.
Ici, l’architecture dialogue avec le temps : les palais habsbourgeois croisent le verre et l’acier des lignes contemporaines. Le passé ne s’efface pas, il s’enlace au présent dans un entrelacs harmonieux. Chaque quartier est un chapitre, chaque rue une transition, comme si la ville elle-même hésitait entre la rigueur d’un empire disparu et la tendresse d’un monde en mouvement.
Et pourtant, dans cette ville du Nord, affleure une lumière du Sud.
Un soupçon de chaleur dans l’air glacé. Une douceur dans la manière dont les places s’ouvrent, dont les cafés accueillent.
Vienne n’est ni austère, ni distante. Elle est posée, attentive, presque méditative.
On s’y promène comme on feuillette un livre aimé, sans vouloir arriver à la fin.
On y ressent une paix inattendue. Celle d’une ville qui, tout en portant le poids de l’Histoire, vous invite à ralentir, à regarder, à respirer.
Vienne ne se conquiert pas. Elle s’apprivoise.
Et une fois qu’elle vous a laissé entrer, elle ne vous quitte plus vraiment.
Cap sur les Caraïbes : carnet d’un voyage à Curaçao et Saint-Martin, juste avant la tempête
Il y a des voyages qui ne s’oublient pas. Pas pour ce qu’ils montrent, mais pour ce qu’ils pressentent.
Curaçao et Saint-Martin… Deux îles baignées de lumière, posées comme des perles sur les flots turquoise des Antilles, à la croisée du rêve et de l’histoire.
Curaçao, entre néerlandaise sagesse et splendeur tropicale
Dès l’approche de Willemstad, la capitale de Curaçao, le cœur balance entre étonnement et fascination. On y retrouve des maisons aux façades colorées, d’inspiration hollandaise, comme échappées d’Amsterdam pour mieux se mirer dans la mer des Caraïbes. Mais ici, les tons pastel prennent feu sous le soleil : rose corail, bleu lagon, jaune mangue…
Sous l’eau, c’est un autre monde qui s’ouvre. Palmes aux pieds, je découvre des récifs coralliens intacts, une explosion de couleurs et de vie. Les poissons-papillons et les demoiselles se faufilent entre les gorgones comme dans un ballet muet. L’île tout entière semble respirer au rythme de la mer.
À l’heure dorée, sur les plages de Cas Abao ou de Playa Kenepa, le sable devient cendre rose, et le ciel, un théâtre d’ambres et de lavandes. Les senteurs de rhum et d’épices flottent dans l’air. On devine, presque, les échos lointains des chants marins et des sabres de pirates oubliés.
Saint-Martin : l’île aux deux visages
Quelques jours plus tard, cap sur Saint-Martin, cette île unique partagée entre la France et les Pays-Bas. Une ligne invisible traverse ses collines verdoyantes et ses lagons.
À Marigot, l’ambiance est créole, détendue, chaloupée. On y mange des accras en regardant les goélettes glisser sur l’eau, et les marchés bruissent de langues mêlées, d’épices et de fruits sucrés.
Côté néerlandais, Philipsburg propose une effervescence plus festive, presque Las Vegas caraïbe, mais toujours sous le regard placide de la mer.
Je me souviens des rires sur la plage de Maho, quand les avions frôlent le sable à l’atterrissage, provoquant des envolées de serviettes et des cris émerveillés.
Et pourtant, derrière cette insouciance, le ciel semblait se charger d’une tension presque imperceptible. Un calme étrange, pesant. C’était août 2017. Et nul ne savait alors qu’Irma, l’ouragan dévastateur, se formait quelque part à l’horizon.
Avant la tempête, la beauté intacte
Ce voyage fut une ode à la mer, à la culture créole, aux couleurs pures et aux souvenirs d’aventuriers. Une parenthèse suspendue, capturée en images, en odeurs, en silences.
J’ai photographié les vagues avant qu’elles ne se déchaînent, les palmiers avant qu’ils ne soient arrachés, les sourires avant qu’ils ne soient brisés.Aujourd’hui encore, je repense à cette beauté fragile. À cette leçon de voyageur : profiter de chaque instant, car tout peut basculer.
Et j’ai ramené de ce périple un trésor bien plus précieux que l’or des flibustiers : la mémoire vive d’un monde encore intact, juste avant que le vent ne change.
Voyage aux confins de mes origines, entre lumière du Nord et pierres noires de la mémoire
J’ai pris la route non pas pour fuir, mais pour revenir. Revenir à moi, à ceux d’avant moi, à ce fil rouge tissé entre la mer, la montagne, la pierre et le silence.
Mon Leica en main, j’ai traversé des paysages qui n’ont rien de spectaculaires aux yeux des touristes pressés, mais qui pour moi, vibrent comme des battements de cœur.
Les Asturies
Là où la mer Cantabrique vient mourir doucement sur les plages de Poo, ou se faufile en secret jusqu’au joyau minéral de Gulpiyuri, petite crique intérieure, absurde et parfaite, surgie du calcaire.
À Oviedo, j’ai retrouvé cette lumière du Nord, crue mais vivante, celle qui éclaire les étals d’un marché bariolé, où le fromage sent fort, où les tomates brillent comme des grenades, et où chaque voix dit quelque chose du courage tranquille de cette région.
La Castilla y León
Terre sèche, puissante, exigeante.
À Cabales de Abajo, j’ai marché dans les traces des miens. Là-bas, les maisons tiennent encore debout comme des serments. Et sous mes pieds, les galeries de mine où mon grand-père et mon oncle ont travaillé, dans l’ombre et la poussière, à extraire ce que d’autres transformaient.
Leur labeur silencieux est resté gravé dans la pierre et dans les regards.
Plus haut, sur la montagne de Leitariegos, au printemps, la bruyère fleurit comme une consolation. Et dans le ciel, les cigognes planent, fidèles, sentinelles de cette terre rude qui m’habite.
À Ponferrada, les remparts disent encore l’histoire. Ils murmurent les mots d’un autre temps, de ceux qui ont bâti, protégé, parfois oppressé, mais aussi rêvé.
San Sebastián
Peut-être l’un des endroits où je me sens le plus en équilibre.
La baie de la Concha, parfaite, calme et puissante à la fois, est un lieu où le corps respire autrement.
Dans les ruelles du quartier des tapas, la vie est là, immédiate, dense, dans un verre levé, un rire échappé, une bouchée pleine de sel et de soleil. C’est une ville où le goût devient langage, où l’on célèbre l’instant sans perdre de vue l’héritage.
Ce roadtour est bien plus qu’un voyage.
C’est une traversée.
J’ai photographié des paysages, oui. Mais surtout, j’ai photographié mes racines.
Les lieux où les miens ont vécu, travaillé, aimé, souffert parfois. Des lieux qui ne sont pas seulement des souvenirs, mais des repères.
Ils disent d’où je viens, et peut-être aussi pourquoi je tiens debout.
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